Jour 97 - Les bénéfices induits de l'accessibilité (partie 1)
Quels sont les différents types de bénéfices induits par l’accessibilité et quelles sont leurs limites ?
Ce que j’ai fait :
- lire l’article Bénéfices business de l’accessibilité numérique(lien externe) du World Wide Web Consortium (W3C)
- lire l’article Pour en finir avec les bénéfices induits de l’accessibilité(lien externe) de Nicolas Hoffmann
- lire les diapositives de la conférence Les bénéfices induits(lien externe) d’Armony Altinier
Ce que j’ai appris
Qu’est-ce que les bénéfices induits ?
Le bénéfice est un avantage procuré par quelque chose, ou tiré d’une situation.
Parler de “bénéfices induits” revient à évoquer les plus-values apportées par l’accessibilité dans d’autres domaines (éco-conception, référencement, image de l’entreprise…) et pour des personnes autres que celles en situation de handicap.
Ces bénéfices sont des effets collatéraux de l’accessibilité, autrement dit on les obtient sans effort particulier supplémentaire.
Les “bénéfices business” de l’accessibilité
Le W3C, dans son article Bénéfices business de l’accessibilité numérique(lien externe), met en avant différents avantages clés de l’accessibilité web pour les entreprises :
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l’accessibilité comme vecteur d’innovation
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une image de marque valorisée
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des parts de marché plus importantes
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un cadre légal respecté
L’accessibilité comme vecteur d’innovation
Des fonctionnalités pensées initialement pour l’accessibilité finissent par avoir une utilisation beaucoup plus large, profitable au plus grand nombre.
Des inventions telles que l’email ou les SMS étaient à l’origine destinées aux personnes en situation de handicap, et ont toutes trouvé une application bien plus large. Le fait de penser des services et applications qui ne se réduisent pas à une utilisation sur un écran de bureau avec une souris, permet de produire un contenu adapté à différents terminaux, supports ou technologies d’assistance.
Une image de marque valorisée
Un engagement de l’entreprise en faveur de l’accessibilité permet de montrer qu’elle s’intègre dans une démarche citoyenne.
La Responsabilité Sociétale des Entreprises (RSE) consiste pour une entreprise à prendre en compte les préoccupations sociales et environnementales dans ses activités. Ainsi, développer des produits et services inclusifs et employer des personnes en situation de handicap a un impact positif à la fois sur la réputation de l’entreprise, la fidélité et la satisfaction des clients et les ventes.
Des parts de marché plus importantes
Le marché des personnes handicapées représente une part non négligeable et tend à augmenter au fur et à mesure que la population vieillit.
Rappelons quelques chiffres :
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785 millions de personnes - soit 15,6% de la population mondiale - âgées de 15 ans et plus vivent avec un handicap selon le rapport mondial sur le handicap(lien externe)
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9,6 millions de personnes handicapées - soit 24% de la population active - sont recensées en France en 2007 selon une enquête réalisée par l’INSEE(lien externe)
Négliger ce public reviendrait donc à se priver d’une grande part de marché.
Un cadre légal respecté
Au cours des dernières années, de plus en plus de lois et de réglements relatifs à l’accessibilité ont été adoptés dans le monde entier pour renforcer les droits des personnes handicapées à profiter pleinement de l’information et des services en ligne.
En France, la loi du 11 février 2005 impose aux services publics en ligne d’être accessibles aux personnes handicapées, tous handicaps confondus. La directive européenne de 2016 fait du niveau AA des WCAG 2.0 le standard minimum. Ne pas respecter cette obligation fait courir le risque à l’entreprise d’écoper d’une amende de 20 000€. Outre l’aspect financier, c’est la réputation même de l’entreprise qui serait mise à mal dans une telle situation.
Dans son article Accessibilité Web : Bilan des plaintes provenant des États-Unis en 2019(lien externe), Olivier Keul constate une augmentation des plaintes liées à la non accessibilité des sites web : 262 plaintes en 2016 contre 2235 en 2019. Certaines affaires ont beaucoup fait parler d’elles, notamment l’affaire des sites Domino’s Pizza ou des Jeux Olympiques de Sydney, et ont contribué à faire prendre conscience au public de la nécessité de tenir compte de l’accessibilité web.
Les “bénéfices universalistes” de l’accessibilité
Le W3C expose l’affirmation suivante :
Web accessibility is essential for people with disabilities and useful for all.
L’accessibilité web est essentielle pour les personnes handicapées et utile à toutes et à tous. De fait, de nombreuses recommandations d’accessibilité profitent au plus grand nombre.
Par exemple :
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le sous-titrage d’une vidéo est indispensable pour une personne sourde mais se révèle aussi très utile dans un environnement bruyant ou pour des personnes ayant une maîtrise partielle de la langue
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des contrastes suffisants facilitent la lecture de personnes malvoyantes mais aussi en cas de consultation dans un environnement très lumineux
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des surfaces cliquables suffisamment larges (liens, boutons) sont nécessaires des personnes ayant des troubles moteurs mais sont également très pratiques pour la consultation sur mobile
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la reconnaissance vocale est très utile pour des personnes ne pouvant écrire, qu’il s’agisse de personnes ayant une incapacité permanente ou temporaire (un bras cassé par exemple)
Le W3C propose ainsi différentes situations(lien externe) dans lesquelles l’accessibilité bénéficie à toutes et à tous.
Les “bénéfices techniques” de l’accessibilité
L’accessibilité profite à d’autres domaines de la conception de sites web.
Accessibilité et éco-conception
Dans son article, L’accessibilité, c’est bon pour la planète(lien externe), Olivier Nourry démontre en quoi accessibilité web et éco-conception font bon ménage :
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la séparation des styles et du contenu ainsi que l’usage approprié des règles CSS permet de réduire le poids des données transférées en allégeant les pages HTML et permettant le stockage des styles dans le cache du navigateur
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un code valide et respectueux des standards charge plus vite qu’une page où le navigateur cherche à corriger les erreurs
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les alternatives textuelles aux images ou les transcriptions vidéos laissent le choix ou non à l’internaute de charger des contenus multimédias lours et gourmands en bande passante
Accessibilité et référencement
Le référencement et l’accessibilité se retrouvent sur plusieurs points. On observe ainsi un comportement similaire entre un lecteur d’écran parcourant une copie d’une page web et interprêtant ce qu’il y trouve pour le restituer à l’utilisateur, et un robot d’indexation explorant une page web pour en rapporter les informations aux moteurs de recherche.
Une structure de contenu efficace avec des titres de pages, des titres de sections et des balises sémantiques donnent au robot une idée plus précise de l’information contenue dans la page. Par ailleurs, les robots n’étant encore capables de “voir”, des alternatives textuelles aux images et des transcriptions de vidéos leur permettent de comprendre de quoi il s’agit.
Denis Boudreau, dans sa conférence SEO, mobilité et accessibilité : la sainte trinité d’un développement Web inclusif(lien externe) (2011), évoque d’autres cas dans lesquels l’accessibilité permet d’optimiser les pratiques de référencement.
Outre ces deux domaines, l’accessibilité se révèle payante pour tester automatiquement des sites(lien externe), en terme d’ergonomie et d’expérience utilisateur(lien externe), ou encore pour la qualité et la maintenabilité du code.
Les limites des bénéfices induits
Oeuvrer à l’accessibilité offre donc des bénéfices induits dans d’autres domaines, profitables à un plus grand nombre de personnes et valorisants pour une entreprise. Toutefois, ces bénéfices ont des limites.
Nicolas Hoffmann explique ainsi l’accessibilité n’a jamais été, n’est pas et ne sera jamais une condition suffisante pour avoir un 20/20 dans ces autres domaines.
En effet l’accessibilité, bien qu’elle puisse apporter des améliorations, est loin de régler tous les problèmes et la vendre en tant que solution miracle pour du référencement, de l’ergonomie ou de la performance n’est pas une solution honnête.
D’autre part, il peut arriver que les recommandations d’accessibilité entrent en conflit avec d’autres recommandations techniques. Olivier Nourry, dans son article Accessibilité et SEO : amies ou ennemies ?(lien externe), donne ainsi plusieurs exemples de divergences possibles :
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des titres de section comportant des mots clés versus des titres de section qui décrivent efficacement le contenu
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des alternatives textuelles avec des mots clés pour les images de décoration versus des alternatives textuelles non nécessaires
Du côté des “bénéfices business” de l’accessibilité, attention à ne pas non plus tomber dans le “social washing” : faire de l’accessibilité doit être une démarche globale et réfléchie, pas un phénomène de mode visant à promouvoir l’image de l’entreprise. Dans cette optique, ajouter des boutons magiques sur des sites n’est pas une démarche d’accessibilité car même si l’intention derrière peut être louable, le résultat obtenu restera limité.